Au printemps 2020, nous avons été témoins de mesures à la fois inédites et inquiétantes pour endiguer la pandémie de la COVID-19. La fermeture de frontières, le triage entre voyageurs admissibles et non admissibles dans les aéroports, les interdictions absolues d’entrée de personnes de certains pays ou zones affectées et le refoulement des demandeurs d’asile à la frontière terrestre Canada-États-Unis, ne sont que quelques uns de ces éléments qui ont transformé les mobilités humaines et renforcé les inégalités durant cette période.
Animés par le désir de réduire la contagion, certains pays, dont le Canada, ont fortement encouragé leurs nationaux à l’étranger à rentrer le plus vite possible durant les mois de mars et d’avril 2020. Du même souffle, ces pays renvoyaient des étrangers, fermaient la frontière à la majorité non-résidents, différentiant les « essentiels » des autres. Ces réponses contradictoires ont opéré plusieurs divisions : entre le ‘corps-citoyen-légitime-non-menaçant’, le ‘corps-étranger-menaçant’ pour le pays et le ‘corps-étranger-essentiel’ pour le pays. D’une manière générale, la recherche et ostracisation du corps-transmetteur, l’abandon des populations marginalisées, et l’adoption de mesures exceptionnelles faisant fi des cadres juridiques et des ententes internationales ont primé sur des mesures valorisant la solidarité et l’empathie.
Durant les mois de mars et avril 2020, les membres de la chaire ont produit des rapports sur les impacts des mesures exceptionnelles prises en réponse à la pandémie sur différents groupes de migrants dans le monde.
Ces rapports sont compilés sur cette page.
(1/10) FRANCE | Confinés dehors ou abandonnés dedans : les migrants précarisés en région parisienne à l’ère de la pandémieRapport de Annaelle Piva, candidate au doctorat en géographie à la chaire.Sa thèse porte sur porte sur les migrants en errance dans les espaces urbains. Elle effectue une comparaison entre les villes de Rome et Paris. 13 avril 2020En France comme dans de nombreux pays, les mesures prises pour ralentir la propagation du virus Covid-19 affectent durement les personnes migrantes. Pour les demandeurs d’asile, les instances chargées de la procédure sont mises en pause le temps de l’épidémie. Concrètement, cela signifie le report des auditions à l’Office Français Pour les Réfugiés et les Apatrides (OFPRA) et à la Cour Nationale du Droit d’Asile (CNDA). Ces fermetures rallongent des procédures déjà très lourdes (8 mois minimum pour une première réponse). |
(2/10) MEXIQUE | La Covid-19, un nouvel obstacle pour les demandeurs d’asileRapport de Guillermo CANDIZ, chercheur postdoctoral associé à la chaireIl se spécialise sur les dynamiques migratoires dans les Amériques et en Afrique du Nord. 25 mars 2020La propagation du virus Covid-19 est devenue un nouvel obstacle pour les demandeurs d’asile qui attendent dans les villes mexicaines à la frontière avec les États-Unis. L’administration de Donald Trump, invoquant l’expansion du virus, a annoncé le vendredi 20 mars la fermeture de la frontière avec le Mexique pour le transit non essentiel, interdisant l’accès à toute personne tentant de demander l’asile à partir de la frontière mexicaine. En plus, le gouvernement américain a décidé d’interrompre la procédure de demande d’asile pour ceux qui avaient déjà réussi à déposer leur demande. En fait, les tribunaux de l’immigration de ce pays ont fermé et annulé par la suite toutes les audiences jusqu’au 10 avril. |
(3/10) CANADA | L’asile et la gestion des frontières au temps de la COVID-19Rapport de Jacob BRUEL-COURVILLE, candidat à la maîtrise au sein de la chaire et stagiaire au HCR, MontréalSes recherches portent sur les arrivées irrégulières des demandeur.es d’asile au Canada depuis les États-Unis. 26 mars 2020La propagation de la COVID-19 dans le monde a entrainé la fermeture progressive des frontières, la Chine ayant été la première à le faire. Depuis le 21 mars, Justin Trudeau a annoncé la conclusion de l’entente bilatérale entre le Canada et les États-Unis concernant la fermeture presque totale de leur frontière commune. Sous la pression du parti conservateur, du Bloc québécois ainsi que du Gouvernement du Québec, le gouvernement fédéral a annoncé que la frontière sera également fermée pour les demandeur.es d’asile qui tentent de venir au Canada et que ces dernier.es seront refoulé.es aux États-Unis. |
(4/10) LIBAN | Les camps de réfugiés syriens au Liban très à risque dans le contexte pandémique actuelRapport de William McNICOLL, candidat à la maîtrise au sein de la chaireWilliam a fait des séjours au Liban en 2018 et 2019 et nous fait une mise à jour de la situation. Il a contacté certains de ses participants à la recherche pour connaitre la situation. 30 mars 2020En date du 30 mars 2020, le Liban compte 446 cas de Covid-19 et 11 décès, chiffres qui augmenteront fort probablement dans les semaines à venir. Dans un pays déjà aux prises avec une crise politique et économique majeure depuis décembre 2019, les Libanais et les nombreux réfugiés présents sur le territoire doivent trouver le moyen de s’adapter à cette nouvelle situation qui augmente pour plusieurs la précarité déjà vécue au quotidien. |
(5/10) MÉDITERRANÉE | COVID-19 : Les équipes de SOS Méditerranée impatientes et déterminées à reprendre le sauvetage des migrants en haute merRapport de Mireille Lajoie, étudiante au baccalauréat en géographie et membre de la chaireMireille travaille actuellement sur un projet de recherche pour SOS Méditerranée, une association civile et européenne dont la mission principale est la recherche et le sauvetage migrants qui tentent de traverser la mer Méditerranée pour atteindre l’Europe. 4 avril 2020Le 23 février dernier, alors que l’Europe était frappée par le COVID-19, le navire de sauvetage de SOS Méditerranée, l’Ocean Viking, a été mis sous quarantaine par les autorités italiennes au port de Pozzallo en Sicile, après avoir débarqué 276 migrants qui avaient été rescapés dans les jours précédents. Aucun membre de l’équipe de sauvetage ne présentait alors de symptômes du virus. SOS Méditerranée et Médecins Sans Frontières, qui opère également le navire de sauvetage, craignaient alors qu’il s’agisse d’une mesure pouvant servir de prétexte pour empêcher le sauvetage des migrants en mer. |
(6/10) QUÉBEC | Les travailleur.euse.s temporaires de l’hôtellerie-restauration frappés de plein fouet par la crise de la Covid-19Rapport de Danièle Bélanger (titulaire de la chaire de recherche), Charles Fleury (chercheur associé au sein de la chaire et professeur agrégé au département de sociologie) et Capucine Coustere (candidate au doctorat du département de sociologie de l’Université Laval)Le projet de recherche de Capucine porte sur les effets d’événements macrosociaux imprévisibles sur les parcours de vie en migration. 5 avril 2020Dans le cadre d’un projet de recherche de la Chaire, nous avions réalisé 23 entretiens approfondis avec des résident.e.s temporaires qui travaillaient dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration dans la région de Québec au cours de l’été 2019. La plupart de ces personnes avait un permis de travail temporaire, d’autres un permis d’études leur octroyant le droit de travailler à temps partiel. À cette époque, ces dernier.ère.s jouissaient du plein emploi dans un secteur en constante recherche de main d’œuvre. Nous nous intéressions à quatre dimensions de leurs parcours : migratoire, professionnelle, familiale et de formation. |
(7/10) SERBIE | L’état d’urgence sanitaire aux Balkans : fermeture des camps de migrants en SerbieRapport de Rosalie Lacombe, candidate à la maîtrise à la chaireSon mémoire s’intéresse principalement aux politiques migratoires européennes d’externalisation, aux migrations de transit ainsi qu’à la gestion et gouvernance des migrations dans la région des Balkans. 28 mars 2020Suite à l’explosion des cas de coronavirus en Europe occidentale vers la fin février, les pays des Balkans voient également la COVID-19 arriver sur leurs territoires respectifs. Le 15 mars dernier, dans la foulée des décisions prises par la majorité des dirigeants européens visant à freiner la propagation du coronavirus, le président serbe Aleksandar Vucic déclare l’état d’urgence sanitaire en Serbie. |
(8/10) JAPON | Exclusion et solidarité pour les migrants au Japon : COVID 19 met en évidence les défis des minoritésRapport de Naoko Sunai, candidate au doctorat à la chaireSa recherche vise à analyser la migration internationale des Vietnamiens selon une perspective sociologique axée sur le genre. 2 avril 2020La pandémie de la COVID-19 et les restrictions de mobilité imposées par les états affectent gravement les migrants au Japon en termes d’emploi, de garde d’enfants, et d’expérience de racisme. Des OBNL et des universitaires appellent à lutter contre le racisme et la xénophobie liés à la COVID-19. |
(9/10) BEYROUTH, LIBAN | La distanciation physique dans le camp de Chatila : quand la peur du virus devient elle aussi un privilègeRapport de Myriam Ouellet, candidate au doctorat à l’Université York de TorontoDans le cadre de son mémoire de maîtrise portant sur les trajectoires migratoires de réfugiés syriens ayant été réinstallés dans la ville de Québec, Myriam a fait un séjour de terrain au Liban en décembre 2017 ainsi qu’en avril et mai 2018. Ce terrain s’est principalement déroulé dans la ville de Beyrouth. 11 avril 2020La pandémie du coronavirus avance au Liban. Elle menace entre autres le camp palestinien de Chatila, situé entre la municipalité de Ghobeyri et la banlieue sud de Beyrouth. Après avoir séjourné près de six mois au pays dans le cadre d’un projet de recherche portant sur l’expérience des réfugiés syriens exilés au Liban, cette simple question « Et Chatila? » eut, au cours des dernières semaines, tôt fait de me rattraper le cœur et l’esprit. |
(10/10) ITALIE | COVID-19Rapport de Annaelle Piva, candidate au doctorat en géographie à la chaire.Sa thèse porte sur porte sur les migrants en errance dans les espaces urbains. Elle effectue une comparaison entre les villes de Rome et Paris. 13 avril 2020Tout le pays vit sous une stricte quarantaine qui a commencé le 9 mars 2020. L’ensemble de la société est affecté, les hôpitaux sont saturés et l’Italie a dépassé les 17 000 décès (au 08/04/2020). Certaines mesures liées au confinement semblent impossibles à observer pour les populations migrantes les plus précaires et limitent les opérations d’aide à leur encontre. |