Return to Migration et COVID-19

(4/10) Liban

30 mars 2020

Les camps de réfugiés syriens au Liban très à risque dans le contexte pandémique actuel

Rapport de william McNICOLL
Candidat à la maîtrise au sein de la chaire

William a fait des séjours au Liban en 2018 et 2019 et nous fait une mise à jour de la situation. Il a contacté certains de ses participants à la recherche pour connaitre la situation.


En date du 30 mars 2020, le Liban compte 446 cas de Covid-19 et 11 décès, chiffres qui augmenteront fort probablement dans les semaines à venir. Dans un pays déjà aux prises avec une crise politique et économique majeure depuis décembre 2019, les Libanais et les nombreux réfugiés présents sur le territoire doivent trouver le moyen de s’adapter à cette nouvelle situation qui augmente pour plusieurs la précarité déjà vécue au quotidien. Au Liban, le nombre total de migrants représente approximativement 30% de la population, ce qui correspond à la plus grande proportion dans le monde. Dans le cas des réfugiés syriens, dont le nombre est estimé entre 1 et 1,5 million, ce sont environ 25% qui sont établis dans de très nombreux camps à travers le pays.

Dans un contexte de pandémie, il est particulièrement pertinent de s’intéresser à la situation des réfugiés vivant dans les camps, puisque ces espaces sont caractérisés par un surpeuplement et des conditions sanitaires minimales. Les camps de réfugiés au Liban et dans le monde sont donc des espaces de vie très à risque en raison du fait qu’il est difficile de mettre en application les mesures recommandées pour éviter la propagation du virus, telles que l’isolation personnelle et la distanciation sociale.

« Nous vivons dans la peur constante qu’un de nous attrape le virus, puisqu’une seule personne est nécessaire pour infecter le camp au complet, dans lequel vivent plus de 50 réfugiés syriens. » – Amina

De plus, la fermeture des entreprises, des banques, des complexes industriels et autres secteurs d’activités économiques n’est pas sans impact sur la vie des réfugiés, plusieurs d’entre eux perdant ainsi leur travail quotidien en tant que travailleurs agricoles ou industriels.

« Les femmes dans ce camp qui travaillaient quotidiennement sur les terres agricoles gagnaient 3 dollars US par jour et c’est ce qui gardait leurs enfants nourris. » – Abdul Karim

Pour l’instant, bien qu’il ne semble pas y avoir de cas confirmés de Covid-19 dans les camps de réfugiés syriens au Liban, le nombre grandissant d’infections au pays et le manque de services aidant à réduire les risques de propagation du virus dans les camps ajoutent à la précarité déjà très grande des Syriens vivant dans ces espaces. En coordination avec les ONG et les agences de l’ONU présentes au Liban, un plan préventif pour éviter la propagation du virus dans les camps a été établi par le ministère des Affaires sociales le 3 mars. Ce plan consiste à organiser conjointement (notamment avec le HCR) des campagnes de sensibilisation ainsi que la fourniture d’équipements de désinfection.

Liens web sur le sujet :
https://www.lorientlejour.com/…/coronavirus-au-liban-plan-p…
https://www.reuters.com/…/just-one-case-fears-coronavirus-m…
https://nationalpost.com/…/without-soap-or-sanitizer-syrian…
https://www.lapresse.ca/…/01-5265943-covid-19-une-catastrop…
© Photographies : William McNicoll et Daniel Carde, ZUMA.