Objectifs
- Étudier les dynamiques migratoires en tant que système liant les pays d’origine, de transit et de destination afin de rendre compte de la complexité des flux dans leurs contextes territoriaux et transnationaux ;
- Analyser les parcours migratoires et les formes de précarité rencontrées par les migrants afin d’identifier et de comprendre les répercussions des politiques migratoires sur les migrants et leur famille ;
- Expliquer comment certains territoires et routes migratoires évoluent et pourquoi ;
- Générer des connaissances utiles et éclairantes pour l’élaboration de politiques publiques visant à favoriser les retombées positives des migrations.
Espaces géographiques de la recherche
Les membres et les étudiants de la Chaire font des recherches sur divers types de migrations au Québec, au Canada ainsi que dans plusieurs pays sur différents continents. Les personnes migrantes et leurs différentes catégorisations (migrants temporaires, demandeurs d’asile, réfugiés, travailleurs migrants, migrants qualifiés, en famille), qui renvoient tantôt à des statuts juridiques et administratifs, tantôt plus largement à des situations de vie, sont au cœur des travaux de la Chaire.
Les Amériques
De nombreux flux migratoires se déploient à travers les Amériques. Ils comprennent des migrations dites permanentes ou temporaires, volontaires ou forcées, ainsi que des migrations irrégulières et des migrations de transit. La Chaire mène plusieurs projets sur ces différentes formes de migration. Elle se penche sur les parcours migratoires (trajectoires d’arrivée au Canada, déplacements interprovinciaux) et d’intégration.
La Chaire poursuit des travaux pionniers et importants sur les migrants temporaires au Québec et au Canada, leur donnant une visibilité. Elle se penche sur les formes de précarité qu’ils peuvent vivre, les impacts du caractère temporaire de leur statut, leurs difficultés d’accès aux droits et aux services et les abus dont ils peuvent être l’objet, de même que sur leurs stratégies et leur capacité d’action (agencéité). La Chaire a développé le projet de grande envergure PARTEMP (PARtenariat sur les migrants Temporaires en EMPloi) qui est le fruit d’une collaboration entre chercheurs de l’Université Laval et organismes communautaires et gouvernementaux de la grande région de Québec.
D’autres projets étudient la situation des travailleurs migrants temporaires en provenance d’Amérique du Sud et centrale, en particulier du Mexique et du Guatemala. Depuis la pandémie de 2020, ils sont de plus en plus l’objet de discours encadrant une main-d’œuvre dite essentielle et souvent assujettis aux besoins économiques canadiens et québécois, sans bénéficier des services auxquels ont droit les citoyens canadiens et résidents québécois. La Chaire poursuit par ailleurs ses recherches entamées au Mexique il y a plusieurs années sur les acteurs qui assistent les migrants dans leurs démarches et leurs parcours migratoires. Selon l’Organisation internationale des migrations (OIM), le Mexique était, en 2021, le deuxième pays d’origine des migrants internationaux.
Certaines recherches comparent les politiques migratoires du Canada avec celles d’autres pays, ou encore les variations de leur application entre les différentes provinces canadiennes. L’analyse des discours politiques et médiatiques sur les migrants au Québec et au Canada fait également partie des préoccupations de la Chaire.
La situation des demandeurs d’asile et des réfugiés au Québec fait l’objet de plusieurs recherches. Ces migrants sont plus présents dans les discours publics et politiques québécois depuis 2017, à la suite de l’augmentation des arrivées à la frontière terrestre avec les États-Unis.
La Méditerranée et le Moyen-Orient
D’un point de vue migratoire, la région de la Méditerranée est caractérisée par des situations de transit dans lesquelles des personnes, fuyant des conflits armés, sont en déplacement et en attente dans différents territoires. Plusieurs projets récents de la Chaire ont porté sur les réfugiés syriens au Liban et en Turquie. Depuis 2014, selon l’OIM, la Syrie est le pays qui génère le plus grand nombre de réfugiés dans le monde. La Turquie demeure, depuis 5 ans, le pays qui accueille le plus grand nombre de réfugiés (3,6 millions en 2021, pour la plupart des Syriens). Un film documentaire sur les réfugiés syriens en Turquie a été produit par la chaire. Des recherches analysent les migrations forcées au Moyen-Orient et les dynamiques de solidarités qui émergent dans les pays d’accueil, ainsi que les liens entre la classe sociale et les parcours d’exil.
L’Europe de l’Ouest et de l’Est, la Russie et l’Asie centrale
La forte migration de 2015 vers l’Europe a fait l’objet du premier film documentaire produit par la Chaire, «», qui porte sur la route des Balkans. La Chaire s’intéresse aussi au rapport des migrants à la ville (Paris, Rome, Bruxelles) et en particulier à l’errance des exilés dans les espaces urbains, à leurs trajectoires et parcours racontés et cartographiés, aux campements urbains, aux rapports entre résidents et migrants.
La Chaire développe un axe de recherche sur l’Europe de l’Est, la Russie et l’Asie centrale. L’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022 a provoqué un exode très important d’Ukrainiens qui se sont réfugiés d’abord dans les pays limitrophes de l’Ukraine (Pologne, Roumanie, Russie, Hongrie, Moldavie, Slovaquie), ainsi qu’en Europe et au Canada. Cette guerre et les restrictions, depuis 2020, de la mobilité en raison de la pandémie de COVID-19, bouleversent profondément les migrations dans la région.
En 2021, selon l’OIM, la Fédération de Russie était le 4e pays de destination des migrants dans le monde (après l’Arabie Saoudite) tout en occupant la 3e place quant au nombre d’émigrants. Près de cinq millions de migrants d’Asie centrale vivaient dans la Fédération de Russie à la fin de l’année 2021. La plupart sont des migrants du travail en provenance de l’Ouzbékistan, du Tadjikistan et du Kirghizistan. Ils quittent leur pays en raison des taux de chômage élevés et de la pauvreté, espérant trouver un meilleur salaire en Fédération de Russie principalement, mais aussi de plus en plus au Kazakhstan. Des régimes politiques durs, des tensions ethniques et des catastrophes climatiques en Ouzbékistan et au Kazakhstan poussent aussi les gens à émigrer. Cette main-d’œuvre qui s’exporte permet à ces pays de bénéficier des rapatriements de fonds, mais contribue à l’éclatement des familles. La guerre en Ukraine aura aussi des conséquences importantes sur les flux migratoires et les migrations du travail en Asie centrale et en Russie.
L’Asie
La région de l’Asie est un foyer migratoire important à l’échelle globale. L’Asie est aussi un continent où de nombreux travailleurs migrants vivent des situations de précarité. La Chaire a une longue feuille de route sur les migrations dans les territoires asiatiques, notamment en termes de recherche sur les migrations de travail, le genre, les politiques migratoires et le transnationalisme migrant. La Chaire participe à un nouveau projet sur la migration de travailleurs du secteur de la santé. Il étudie le déploiement d’un accord bilatéral entre le Vietnam et l’Allemagne pour la formation, le recrutement et l’embauche d’infirmières vietnamiennes en Allemagne. Les migrations entre l’Asie du sud-est et l’Asie de l’est font également l’objet de recherches (en particulier les parcours migratoires entre le Japon, Taïwan et le Vietnam).
Activités des membres
Nos membres chercheurs et étudiants mènent de nombreuses activités de terrain, de formation et de diffusion des résultats de recherche à travers le monde.